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Image de Yaoqi

Quand le burn-out s'enflamme

17 janvier 2023

Que ce soit en société, à travers les médias, au travail, voire même par votre médecin, vous avez très certainement déjà entendu parler du burn-out, du burnout ou encore du burn out. Et pour cause, l'évolution des chiffres en Belgique n'est guère réjouissante. En effet, voyez ci-après son évolution à travers les années :

en 2014, le nombre d'employés souffrant de burn-out était de 10% dans la population belge active

  • en 2017, il passe à 17% de travailleurs en situation de burn-out

  • entre 2018 et 2019, 23,8% des travailleurs sont estimés à risque de burn-out

  • en 2022, 28,5% des travailleurs sont estimés à risque élevé de burn-out, la crise covid-19 ayant malheureusement amplifié le phénomène.

À travers mon expérience professionnelle, j'ai eu l'occasion de prendre en charge nombre de personnes souffrant de burn-out, aussi parfois appelé syndrome d'épuisement professionnel. Celui-ci, s'il n'est pas une fierté, ne doit pas être non plus une honte. Si vous consultez pour des symptômes qui s'apparentent à un burn-out, sachez que vous serez loin d'être le·la seul·e. Regardez autour de vous, un peu moins d'un travailleur sur trois est à risque en la matière. Si vous êtes sur cette page, c'est que peut-être cette situation vous parle. Le burn-out étant un processus qui s'inscrit dans le temps, vous faites bien de consulter avant que l'épuisement ne soit trop important.


Précision importante, le burn-out un terme qui peut être mal employé. Je vous propose, dans un autre article, d'expliquer ce qu'est un burn-out et ce qui n'en est pas un. To be continued...

Image de Silvestri Matteo

Mais un burnout, c'est quoi ?

Un seul mot pour définir pour tant de choses

Burn out, burn-out ou encore burnout… ce terme est sans cesse mentionné dans notre société. One ne cesse d’en parler, mais finalement de quoi parle-t-on lorsqu’on parle de burnout ?

Le terme n’est pas nouveau. En effet, Freudenberger, psychologue et psychothérapeute américain, donnera une première description en 1975 du burnout, comme un état d’épuisement particulier, lequel est le fait de s’user ou de s’être épuisé après avoir sollicité de soi trio d’énergies ou de ressources. Il représente l’épuisement de nos ressources physiques, mentales et émotionnelles, et s’installe progressivement même s’il donne l’impression de survenir tout d’un coup. Le burnout repose donc un trépied de symptômes :

  1. L’épuisement émotionnel

  2. La déshumanisation de la relation à l’autre

  3. Le sentiment d’échec professionnel ou la diminution de l’accomplissement personnel

La plupart des personnes (environ 50% de la population active) présente des symptômes, heureusement liés uniquement à la première phase.


La psychologue américaine Christina Maslach, une des pionnières majeures du sujet, et Jackson ont défini le burnout, en 1981, comme un syndrome caractérisé par un épuisement physique et mental, une atteinte massive émotionnelle et un sentiment d’inaptitude. Ici aussi, nous retrouvons à un syndrome (ensemble de symptômes), à 3 volets :

  1. Une dimensions d’épuisement émotionnel et physique ;

  2. Une dimension de dépersonnalisation avec des aptitudes détachées, voire cyniques. Une distance commence à s’installer envers leurs collègues et la personne tend à moins s’impliquer dans le travail ;

  3. Une dimension d’inefficacité qui a comme conséquence que tout nouveau projet semble insurmontable, qui ce qui conduit à une diminution de l’accomplissement personnel.

Cependant, cette description reste insuffisante et néglige des facteurs majeurs, tels que les dysfonctionnements cognitifs, qui semblent être une partie essentielle de l’épuisement professionnel.

À l’heure actuelle, il n’existe toujours pas de définition officielle du burnout. Toutefois, le Conseil Supérieur de la Santé

(2017), en propose une qui se veut assez complète et définit le burn out comme suit : « un processus multifactoriel qui résulte de l’exposition prolongée (plus de 6 mois) en situation de travail à un stress persistant, à un manque de réciprocité entre l’investissement (exigences du travail, demandes) et ce qui est reçu en retour (ressources), ou à un déséquilibre entre des attentes et la réalité du travail vécue, qui provoque un épuisement professionnel (à la fois émotionnel, physique et psychique), une fatigue extrême que les temps de repos habituels ne suffisent plus à soulager et qui devient chronique ainsi qu’un sentiment d’être totalement vidé de ses ressources. Cet épuisement peut aussi avoir un impact sur le contrôle de ses émotions (irritabilité, colère, pleurs…) et de ses cognitions (attention, mémoire, concentration) et peut à son tour provoquer des changements dans les comportements et les attitudes. La personne se détache et devient cynique (distanciation mentale). Il s’agirait en fait d’une mesure d’adaptation (inefficace) face aux exigences auxquelles la personne ne sait plus faire face. Progressivement, elle se désengage de son travail, diminue son investissement et met son entourage à distance, voire développe des conceptions péjoratives à propos des personnes avec qui elle travaille. Ce qui résulte en un sentiment d’inefficacité professionnelle (diminution de l’accomplissement au travail, dévalorisation de soi, la personne ne se sent plus efficace dans son travail). Cet état d’esprit n’est par ailleurs souvent pas remarqué par le travailleur pendant un long moment ».


Steffie Desart, chercheuse en psychologie du travail et des organisations à la KU Leuven et associée aux professeurs Hans De Witte (KU Leuven) et à Wilmar Schaufeli (université d’Utrecht), a mis au point une nouvelle définition plus claire du burnout et on identifié 4 symptômes principaux du Burn out :

  1. L ’épuisement physique et psychologique : on se sent vide, sans énergie lorsqu’il entame sa journée de travail et n’arrive plus à se détendre ;

  2. La distanciation mentale du travail caractérisée par un retrait mental/physique : un retrait général par rapport au monde du travail ; cette attitude débouche souvent sur une indifférence et un cynisme affiché ;

  3. Une perte de contrôle cognitif caractérisée par des problèmes de mémoire, d’attention, de concentration et de performance qui sont dus à une perturbation du fonctionnement cognitif : on présente une mémoire défaillante, des difficultés à penser clairement, des déficits d’attention et de concentration ;

  4. Une perte de contrôle émotionnel caractérisée par des réactions émotionnelles exacerbées et une faible tolérance : face à ses collègues, des patients ou des clients, on se montre agressif, capable de crier et de réagir violemment.

Ces 4 symptômes principaux, peuvent s’accompagner de symptômes dits secondaires :  

  1.  L’humeur dépressive : humeur sombre, on se sent piégé, coincé, inutile, inefficace, voire incompétence

  2. La souffrance psychologique : faible tolérance au bruit ou au stress, mal être psychologique, pleurs au retour du travail

  3. Les plaintes psychosomatiques : des troubles du sommeil, sexuels, de la tension artérielle, du rythme cardiaque ou respiratoire, des tensions musculaires, des dérèglements digestifs,

Selon ces auteurs, la tension nerveuse (stress) constitue un premier signe de burnout et est souvent le premier motif de demande d’aide.

L’Organisation Mondiale de la Santé ne définit pas le burnout comme une maladie mais le classe dans la catégories des « phénomènes liés au travail ». Dans la CIM 11 (11ème révision des de la Classification internationale des maladies), adoptée par l’assemblée mondiale de l’OMS le 25 mai 2019, le burnout est décrit comme suit : « L'épuisement professionnel est un syndrome conceptualisé comme résultant d'un stress professionnel chronique qui n'a pas été géré avec succès. Il se caractérise par trois dimensions :

  1. Des sentiments d'épuisement ou de fatigue ;

  2. Une distance mentale accrue par rapport à son travail, ou des sentiments de négativisme ou de cynisme liés à son travail ;

  3. Un sentiment d'inefficacité et de manque d'accomplissement. Le burnout se réfère spécifiquement à des phénomènes dans le contexte professionnel et ne devrait pas être appliqué pour décrire des expériences dans d'autres domaines de la vie. »

Vous l’aurez donc compris, la communauté scientifique est encore partagée sur LA définition du burnout. Cependant, toutes ces définitions et descriptions, chacune avec leurs nuances, vont dans une même direction. L’intérêt que suscite la problématique a permis une recherche scientifique accrue concernant le phénomène. La littérature à ce sujet est de plus en plus riche. Par conséquent, les méthodes de prévention et de prise en charge ne cessent d’évoluer elles aussi.

Sources

CIM-11 pour les statistiques de mortalité et de morbidité. (s. d.). Consulté 7 janvier 2023, à l’adresse https://icd.who.int/browse11/l-m/fr#/http://id.who.int/icd/entity/129180281

CSS rapport d’activités 2017. (2018, mai 24). SPF Santé publique. https://www.health.belgium.be/fr/css-rapport-dactivites-2017

Définition et outil diagnostique pour le burnout. (2017, octobre 27). Beswic. https://www.beswic.be/fr/blog/definition-et-outil-diagnostique-pour-le-burnout

Delbrouck, M. (2021). Comment traiter le burn-out ? : Syndrome d’épuisement professionnel, stress chronique et traumatisme psychique (2e édition). DE BOECK SUP.

Schaufeli, W. B., Desart, S., & De Witte, H. (2020). Burnout Assessment Tool (BAT)—Development, Validity, and Reliability. International Journal of Environmental Research and Public Health, 17(24), 9495. https://doi.org/10.3390/ijerph17249495

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